Les sépultures du Serre

Le 28 septembre 1905 débutèrent les travaux de terrassement pour l’édification d’une école communale, celle installée dans le château posant des problèmes de sécurité. L’emplacement choisi n’éloignait pas les jeunes élèves puisqu’il s’agissait de la jolie promenade ombragée, à l’entrée du village appelée LE SERRE, monticule d’une trentaine de mètres qui séparait le château du marais, planté d’une allée de tilleuls, d’ormeaux, de saules, lieu où les habitants de la Bâtie-Neuve avaient coutume de se retrouver pendant les grosses chaleurs. Le niveau du monticule devait être abaissé de 1,75 m. Les arbres abattus, le creusement commença. Or, à 75 cm les terrassiers mirent à jour une quinzaine de sépultures, des squelettes sans trace de cercueils, couchés dans le sens NE-SO. Ils étaient entourés d’un amas d’os, jetés pêle-mêle. Dans les racines d’un arbre on dégageait des débris de maçonnerie et une défense de sanglier.

A quelle époque remontaient ces sépultures ? La découverte au voisinage du tertre d’un sceau en plomb qui peut être vu au Musée de Gap, aux armes de Guillemme d’ESTIENNE (1568-1572), évêque de Gap, mis en possession de son évêché depuis le château de la Bâtie-Neuve et aux armes de Gap, fut daté par Georges de MANTEYER du XIIIe ou XIVe siècle. Faut-il en conclure que les sépultures en seraient contemporaines ?

L’abbé ALLEMAND ne le pense pas et avance les raisons suivantes : elles n’étaient protégées que par une faible couche de terre et les ossements se trouvaient dans un remarquable état de fraîcheur : les cranes étaient à peu près intacts et complètement vides de terre, alors que dans les sépultures préhistoriques, romaines ou fort anciennes, les cranes sont pleins d’argile que les eaux d’infiltration y ont entraîné. Alors le site pourrait-il être l’ancien cimetière du village ? Cette opinion est tenue en brèche par deux remarques : pourquoi n’a-t-on retrouvé aucun reste de cercueils en bois, utilisés dans toute inhumation traditionnelle ; d’autre part le cimetière a toujours entouré l’église en tous les villages. Et pour notre village c’est celui de Saint-Pancrace où les sépultures contemporaines se font encore.

Alors ? Faut-il en conclure que le sceau épiscopal nous permet de dater, faute de mieux les sépultures du SERRE, c’est à cette hypothèse que se range M. David MARTIN, dans l’article qu’ il leur a consacré et donné la Société d’Etudes des Hautes-Alpes, paru en 1906 dans le bulletin. Elle est loin de rallier toutes les opinions. Il faut déplorer que l’urgence qu’il y avait à installer l’école communale hors de l’enceinte peu sécure du château, n’ait pas donné à des chercheurs qui auraient été prévenus de la découverte, le temps de faire quelques fouilles scientifiques du tertre.


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