Jean de Tube dans les casses de Faudon

Aux CASSES s’attache aussi la légende de Jean de TUBE.
L’histoire se déroule à la fin du Moyen-Age alors que Monseigneur GAUCHER de FORCALQUIER était évêque de Gap. Il venait de temps en temps prendre quelque repos dans son château de la Bâtie-Neuve. Il fut, un jour avisé, qu’un de ses sujets avait vu s’engloutir trois de ses cavales dans le Gouffre de Faudon. Il mit cet accident au compte du Diable qui était installé en ce lieu, sur un énorme bloc erratique qui s’y trouve encore, appelé depuis, la chaise du Diable. Terrorisé l’homme vint trouver son évêque qui l’envoya consulter en Avignon un célèbre devin sur le moyen de chasser le démon du site, avec charge de le ramener avec lui. Ce qui fut fait. Mais ses pouvoirs magiques restèrent sans effet.

Mgr Gaucher de Forcalquier rêvait de voir l’armée du GRAND TURC, sous les coups de qui l’Empire d’Orient était près de disparaître et Constantinople près de chuter en des mains barbaresques. Alors l’évêque demanda au magicien qui n’avait pas regagné Avignon de lui faire apparaître ces redoutables combattants. Usant des cérémonies accoutumées, le devin fit sortir de la cheminée du château bastidon, un grand nombre de gens en armes, heureusement de taille réduite. Sur le champ ils commencèrent à se livrer bataille, à tout casser dans la pièce, donnant si grande frayeur à l’évêque qu’il en eut une fièvre de deux mois et faillit en mourir. Il supplia le magicien de les faire disparaître, ce qu’il ne put faire, à moins qu’on ne lui indiqua un lieu pour les transporter. Mais qui aurait voulu de ces diables de turcs pour voisins ?

Vivait au village Jean de TUBE, un brave agriculteur, il proposa une solution : vers le milieu de la route des Casses, il possédait un verger de poiriers et acceptait d’y accueillir l’armée miniature, dans l’intention d’aller ensuite la noyer dans le Gouffre de Faudon. En bon ordre de déplacement, les turcs montèrent dans le champ qu’ils ravagèrent, arrachant cultures et arbres si méthodiquement que la terre en fut définitivement bouleversée : ce pré, depuis n’a jamais plus rien produit. Les ravages durèrent neuf années. L’évêque ordonna des prières publiques, des processions, enfin des exorcismes mirent fin à cette machiavélique aventure. L’on prétendit longtemps, que de larges crevasses, des affaissements de terrain apparaissaient régulièrement dans les Casses, la montagne glissant peu à peu. C’étaient les Bouches de l’Enfer desquelles montait la rumeur de l’armée et la plainte éternelle du malheureux Jean de Tube. Car nul ne sait ce qu’il advint de lui, Mgr Gaucher de Forcalquier mourut après quarante deux ans d’épiscopat. Il n’oublia jamais l’aventure de Faudon.
Emile ESCALLIER

Toute peur légendaire bannie, la municipalité de la Bâtie-Neuve envisagea en 1975, un programme d’extension du village dans les Casses. A l’initiative de son maire M. CEAS, des constructions furent mises en chantier dès le mois de février. Trente ans après, de forts nombreuses et coquettes villas se dorent au soleil sur les pentes agréablement boisées de la colline.


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